Le fouet du cocher claquait et exaspérait les tympans de la Lady. Assise sur les coussins de velours bleus dans son coupé d’un noir rutilant, son allure demeurait celle d’une Grande Dame. La tristesse qui l’inondait, n’accablait pas ce visage d’une froide sagesse. Celui d’une Duchesse en deuil. Le paysage obscur scintillait de temps à autre de cette pâle nitescence lunaire. La nuit, trop calme, alourdissait le chagrin de celle qui portait à sa seule héritière, cette funeste dépêche.

Elle qui s’était battue. Elle qui avait déployé sa verve et sa persuasion pour ramener dans les faveurs du Duc et de la haute société, son fils. Ce fils unique ayant emprunté des chemins dévoyés. Son seul enfant dont l’épouse de basse condition avait trouvé grâce à ses yeux dès le jour où elle mit au monde son impétueuse petite-fille. Seule joie, seul réconfort pour perpétrer l’héritage d’une famille qui vieillissait. Qui disparaissait.

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Le paysage défilait à toute allure. Un volatile noir passa dans cet obscur tableau. Son coassement fit tout juste frissonner la douairière. Le regard implacable, elle aperçut au loin les grilles du domaine Lunadiell et ses faibles lumières qui l’éclairaient de part et autre. Elles étaient grandes ouvertes dans l’attente patiente du retour de ses propriétaires qui jamais ne reviendraient. L’allée fut remontée à une vitesse inouïe laissant apparaître l’immense demeure à l’architecture victorienne. Le fiacre des deux policiers patientait. Un soulagement à peine perceptible la fit souffler. Auquel cas, les autorités auraient entendu parler d’elle, s’ils s’étaient accordé le droit d’informer la nouvelle orpheline.

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Une fois descendue, elle inspira l’air humide de cette soirée.

Si la montée des marches du large perron lui parut interminable portant sur ses épaules ce fardeau qui frappait leur famille, la duchesse garda la tête haute, un flegme à toute épreuve à croire que ce décès prématuré lui était indifférent. Les agents la talonnèrent. Quand retentit la cloche, quand le majordome ouvrit les grandes portes, l’aristocrate sut que la vie de Meredith ne serait plus jamais la même…