Des cris déchirants tels les hurlements d'agonies d'un animal blessé, résonnèrent dans la maisonnée. Les pas ralentis d'une vieille dame apeurée par cet appel de détresse martelaient les escaliers en bois. Son angoisse se lisait sur ses traits vieillis. Elle traversa le long couloir, laissant planer les bruissements de sa robe crinoline en satin grise, pour finalement pousser la porte de la chambre d'où s'échapper ces gémissements terrorisés. À la vue du phénomène qui se dépeignait sous ses yeux ridés, la vieille tante poussa un soupir effrayé lorsqu'elle vit la jeune fille agenouillée devant son miroir explosé en mille morceaux. Le sang s'écoulait lentement de ses douces mains. La grande dame âgée porta la sienne, ternie par les années, à son cœur affolé par ce spectacle peu commun. Les mains de sa nièce ne ressemblaient plus à ce qu'ils avaient toujours été : d'une finesse exquise et d'une peau blanche comme la neige, à la douceur incomparable. Non là, ils n'avaient de cesse de changer d'apparence tout comme l'ensemble du corps de l'adolescente. Ses cris aux abois emplissaient la chambre éclairée seulement à la chandelle. Cette anatomie qui ne cessait de se métamorphoser, tambourinait d'un désespoir esseulé le miroir en miettes dont les brisures s'insinuaient dans la peau diaphane de la jeune femme....